Plumes francophones: Présence des femmes…

Au centre culturel Hukuna-Matata, le 16 mars à 17h, deux femmes, deux poètes togolaises Ketline Adodo et Claudine Assiba ont entretenu le public sur  « Présence des femmes dans la poésie togolaise », thème de la première conférence-débat du festival Plumes francophones.  Le thème de cette conférence peut se décliner en deux questions fondamentales. La première :

Combien de femmes togolaises vivant au Togo ou éparpillées aux quatre coins du monde, ont à leur actif des recueils de poèmes édités ?

 Elles sont dix, comme l’a précisé, dans sa présentation,  Mme Akakpo  Claudine Assiba, auteure de Cris de Hoingni. Seulement dix ! Les poètes togolaises ! L’éternel constat de la faible présence des femmes dans le champ littéraire togolais refait surface. Ce constat refait surface avec tout ce qu’il comporte comme interrogations et interprétations. Les femmes togolaises seraient peu  portées vers la création littéraire ? Y a-t-il des pesanteurs sociales voire idéologiques qui bloqueraient leur entrée en littérature ?  A ce sujet on lira avec intérêt l’article de Kangni Alem sur son blog  http://togopages.net/kangni/?p=33. Passons alors à la seconde question :

Quelles sont les préoccupations thématiques et esthétiques des poètes togolaises ?

A cette deuxième question, la parole fut donnée à la seconde conférencière Marie Ketline Adodo,  auteure de Au clair de mon âme (1998) et Entre toutes les femmes (1999). Dans un français suave, elle a montré que les poètes togolaises s’intéressent, dans leurs poèmes,  à la bravoure, à la maternité, à l’espoir, à l’amour, à la liberté, à l’émancipation et autres préoccupations thématiques dont on ne peut ici faire toute la liste. Pour ce qui est de la forme, les poètes togolaises, dira-t-elle,  « négligent par endroit le travail sur la langue, qui est l’exigence première de la poésie »

Cette remarque de Ketline est on ne peut plus fondée !  Mais  cette négligence n’est pas seulement une faiblesse des poètes togolaises. Il y a un problème  d’écriture, surtout poétique  dans nombre de nos productions littéraires. De véritables proclamations de foi aux banals « discours de dénonciation » censés sauver le Togo et par extrapolation  l’Afrique. Voilà ce qu’est une partie de notre poésie ! Aucun travail sur la langue, la poésie se confondant aisément et malheureusement à un piètre « aller-à-la-ligne ». La faute à qui ? Comme l’a souligné Ketline, la faute est partagée entre auteurs et éditeurs. Les auteurs doivent se départir de cette fausse idée qui consiste à croire que la fiction doit sauver le monde, le verbe haut et le message direct à l’instar de ces vers qui me reviennent :

                                                                « l’Afrique dit NON à la dictature

                                                                      NON à la violence… »  Désolé!

 De leur côté, les éditeurs doivent également faire leur travail éditorial avec plus de professionnalisme pour éviter de mettre en circulation des œuvres dont la forme est encore bancale. Surtout les œuvres poétiques pour lesquelles aucune préoccupation thématique ne saurait compenser le manque de travail sur la  langue. C’est pourquoi nous saluons l’atelier de poésie animé par le poète et universitaire togolais Jean-Jacques Sewanou DABLA dans le cadre des activités de Plumes francophones. Ce sont-là des rencontres  indispensables pour redonner à la poésie ses réelles caractéristiques. On comprend d’ailleurs cette mise au point de l’animateur dès le premier jour de l’atelier : « la poésie n’est pas simplement une recherche de rimes, mais plutôt une manière différente de dire et de voir le monde. Donc tant que le langage est normal, convenu alors il n’y a pas encore de poésie. ». On a presqu’envie d’ajouter que tout poème doit fonctionner comme un baiser défini par Musset comme « la manière la plus sûre de se taire en disant tout ».  Le débat est ouvert !

4 commentaires sur “Plumes francophones: Présence des femmes…

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  1. Curieux!!!!Aucun article de toi sur la rencontre autour de la Littérature togolaise?
    Tu n’ y étais pas????

  2. Bravo, intéressant!
    Ton témoignage sur l’atelier, davantage développé sera le bien venu!Bon Courage!
    jjsdabla

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