Aké O’Olokan, le couturier du temps

J’ai rencontré l’artiste-plasticien Aké O’Olokan pour la première fois en 2019 dans le magnifique Parc Adjit’Art dont il est le fondateur. C’était un jour de juin lumineux. L’éclat solaire et le vert végétal donnaient au parc la forme d’un poème bien écrit. Aké O’Olokan est au centre de cette lumière-poème. Un homme chaleureux. Un artiste généreux. Ses créations font corps avec la nature et nous rappellent avec insistance ce que nous nous entêtons à oublier : le temps de la nature n’est pas le temps des hommes.

C’est donc logique et bien trouvé que la prochaine exposition de l’artiste (le vernissage aura lieu le 4 février prochain à 15 h à la Maison des jeunes de Lomé) ait pour titre le couturier du temps.

Oui, Aké O’Olokan est un couturier, au sens magique du terme, c’est-à-dire un artiste qui unit, avec un don des Dieux, les énergies du temps naturel avec les objets du temps humain. C’est pourquoi le bois et les objets recyclés forment chez lui une entité éthique et esthétique. C’est l’espace d’exploration des altérités qui nous entourent. Le lieu de compréhension et de célébration des versions invisibles de soi et des autres – êtres et choses dans le temps, avec le temps et sur le temps.

Dans un article fort intéressant (https://www.lenouveaureporter.com/lartiste-ake-olokan-entre-art-traditionnel-et-art-contemporain/), le critique d’art, Adama Ayikoué, dit de l’artiste qu’ « Il fabrique des personnages excentriques, moqueurs et inquiétants ». C’est justement une démarche artistique qui fait voir d’autres formes et d’autres voi(e)x de nous-mêmes selon qu’on maîtrise ou pas le temps naturel : celui de l’arbre ou la fleur qui sait attendre patiemment sa saison de floraison, celui du soleil qui se moque des aiguilles de nos montres, celui de la nuit… Ah la nuit ! La nuit est une couleur à étudier dans les différentes créations d’Aké O’Olokan. La nuit dit quelque chose dans sa création. Elle fait signe et sens parce que cet artiste est un maître du temps double, veilleur et faiseur. Ici et ailleurs, « Si la nuit tombe, toi, tu sauras la relever ». C’est le poète congolais Gabriel Okoundji qui le dit. Pour toi. Pour nous. Akpé Aké!

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